Bonsoir Claire.
Ton histoire me fait penser à celle de mon compagnon (ex compagnon, c'est un peu confu).
Il a 38 ans, est bipolaire depuis.... plusieurs années mais je ne sais pas exactement. Sa mère l'était aussi.
Ses parents sont divorcés depuis ses 4 ans. Son père s'est remarié et a quitté le nord pour vivre dans le sud lorsqu'il avait 12 ans.
Dans ton histoire, je vois un peu le père de mon ami qui se bat encore aujourd'hui... alors qu'en tant que parent d'un adulte de 38 ans on aurait envie de se dire que notre enfant est responsable, se prend en main, a une famille... c'est loin d'être cela...
Il y a environ 4 ans, lorsque sa maman est décédée, son père est venu le chercher dans la région (nord) pour le ramener avec lui à plus de 1000km. Je connais l'histoire vue par son père, l'histoire d'un papa qui avait envie de "sauver" son fils. Malheureusement, mon ami n'a jamais vu cela comme une aide, une nouvelle chance dans la vie, dans Sa vie (là où il vivait il était toxicomane et fréquentait des gens qui l'étaient aussi, forcément) il m'a toujours parlé de ce moment comme une imposition de la part de son père qui n'aurait pas pris en compte ses envies, ses besoins... il s'est laissé porté car il n'y avait que ça à faire... mais il lui reproche et le dialogue entre eux est très difficile ! Et pourtant, je vois les deux côtés, son papa s'accroche, ne le lâche jamais, essais toujours d'être là pour lui, pour lui remonter le moral, pour le rassurer... mais lui il voit souvent ça comme un jugement "mon père n'est pas fier de moi!"
Alors je ne sais pas non plus si un bipolaire se rend compte de la souffrance qu'il impose à son entourage mais par mon expérience je ne serais pas étonnée (ou peut être que je serais rassurée) que non car mon ami n'a jamais compris le mal qu'il m'a fait mais à "compris" (créé) des choses pour lesquelles je ne m'étais jamais plainte...
Je me suis séparée il y a quelques mois, j'ai imposé qu'il quitte ma maison, je lui ai soumis l'idée de se prendre un appart et il l'a fait (il a un travail actuellement). C'est la première fois qu'il s'est vu imposer quelque chose dans laquelle il "perdait" beaucoup... d'habitude, tout le monde faisait en sorte qu'il soit entouré, ne manque de rien, le comprendre car il revenait de loin, sa mère était décédée.... etc... toujours des raisons qui font qu'au final il n'a jamais eu à s'affronter lui même. Et moi la première : il a fait 900km pour venir vivre avec moi, c'est dur de trouver du travail dans une nouvelle région, il n'a pas d'amis ici.... toujours des raisons pour "l'excuser" de ses sautes d'humeurs (ne sachant pas à cette époque qu'il était bipolaire)
Aujourd'hui, pendant des jours il souffre, il est très mal, a perdu beaucoup de poids, vomis tous les matins, pleure beaucoup... et puis un autre un jour ça va bien, il gère les conflits du boulot, se voit même avoir un projet professionnel.... (très destabilisant pour moi!) mais je le laisse faire son chemin "tout seul"
je reste présente, mais distante à la fois...
Aussi, à savoir qu'il ne me dit pas être bipolaire, je crois qu'un médecin lui a dit un jour car il avait eu un traitement (lors de sa cure de désintoxe) et son père m'a expliqué que c'était pour "lisser l'humeur" c'est là que j'ai compris que le problème était réel... mais il a pris le traitement 3 mois et fini... disant qu'il allait mieux ou que le médecin lui avait dit qu'il allait mieux... ? et pour ma part je lui ai demandé de revoir un médecin pour recommencer ce traitement... il a refusé. donc il ne prend rien et ne reconnait peut être tout simplement pas cette maladie...
Alors voilà, je ne sais pas si mon expérience pourra t'aider... cela dit, pour ma part c'est un petit ami et je sais ô combien un enfant est un lien bien plus fort et que les sentiments sont parfois bien plus difficiles à mettre de côté...
Un jour quelqu'un m'a dit "c'est peut être en acceptant toi même de ne pas pouvoir l'aider que tu l'aideras le mieux" à méditer
Je te souhaite bon courage et tout le meilleur à venir.